De l'humilité dans nos coeurs...
Invoquer Allah est une nécessité pour tout musulman. L'invocation impose l'humilité à nos coeurs et renforce notre soumission à Allah...
« Ô le Vivant, Ô le Bienveillant ! Par ta miséricorde je t’implore. Ne me laisse pas livré à moi-même ne serait-ce que le temps d’un clignement de paupière, ou même moins que cela, et rend bonnes toutes mes affaires. »
« Ya Hayyou ya Qayyoum
Bi-rahmatika astaghith
fala takilni ilâ nafsî tarfata ‘ayn oua lâ aqalla min dhalik.
aslih li cha’ni koullahou »
Le Prophète Muhammad, Prières et Bénédiction sur Lui, avait pour habitude de prononcer cette invocation au moment de la prosternation, moment où l’homme est le plus proche de Son Seigneur. Dieu lui a pardonné tous ses péchés passés et à venir. Alors quel sens et enseignements doit-on tirer de cette invocation ?
Un appel vers le Détenteur des Plus Beaux Noms
Le premier enseignement se trouve dans les noms divins que le Prophète appelle en ouverture de son invocation.
Les noms divins, à part quelques exceptions sont des qualités que le croyant doit tenter de mettre en pratique dans sa vie. Dieu est le Généreux et il faut essayer d’avoir cette qualité. Dieu est le Pardonneur et nous devons essayer de pardonner à ceux qui nous font du tort, etc.
Ainsi, le Prophète ne commençait pas ses invocations par des attributs divins au hasard, mais les choisissait afin qu’ils soient appropriés avec ce qui allait suivre.
« Ô le Vivant ! ». Par cet attribut, Le prophète invoque Celui qui est vraiment vivant, celui qui ne meurt jamais. Invoquer un autre que Lui reviendrait à s’attacher à une créature qui un jour disparaîtra et ne pourra donc plus nous être utile. C’est justement parce que le Prophète va demander à Allah de ne jamais l’abandonner qu’il l’appelle par ce nom, car seul Celui qui est Vivant éternellement peut être présent à chaque instant.
Le second attribut, « Ô le Bienveillant », ou « Celui qui Veille sur nous », « Celui qui Prend soin de nous », est relié à ce qui va suivre puisque le Prophète va justement demander à Son Seigneur de veiller sur lui et de ne pas le quitter, de ne pas le laisser, même le temps d’un clignement de paupière.
La totale soumission à Allah
Le Prophète invoque ensuite Dieu par Sa miséricorde, au-delà de l’invoquer, Il l’ « implore », terme qui, en arabe, a un sens particulier. Pour saisir son sens, imaginons un homme qui suite à un naufrage se retrouve au milieu de l’océan. Il regarde à sa gauche, à sa droite, devant et derrière mais ne voit que l’immensité de l’océan. Il s’adresse alors à son Seigneur pour lui demander de l’aide car à qui d’autre, particulièrement dans ce moment, pourrait-il s’adresser ? C’est dans ce cas par exemple que l’on utilisera ce verbe pour qualifier cette demande.
Ainsi le Prophète implorait son Seigneur à la manière du naufragé qui sans ce soutien serait perdu, sans une réponse de Dieu à son invocation ne trouverait que les ténèbres et la mort. Quelle était cette demande ? : « Ne me laisse pas livré à moi-même », « ne me quitte jamais », ou encore « ne me laisse pas croire un instant que ce que je ce que possède ou que je fais viendrait de moi. »
Par cette demande, le Prophète nous rappelle que sans Dieu, nous ne sommes rien. Nous sommes égarés sauf si Dieu nous guide. Nous sommes pauvres sauf si Dieu nous enrichit. Nous sommes faibles sauf si Dieu nous donne de la force. Nous sommes ignorants, sauf si Dieu nous donne la Science. Le piège que nous risquons de rencontrer serait de croire, même un court instant, que l’une de nos caractéristiques, le fait d’être guidé, ou riche, ou savant,… viendrait de nous seuls, que nous aurions pu l’acquérir sans Dieu.
Les dangers de l’arrogance
Il est rapporté un récit dans le Coran d’un personnage qui est tombé dans ce piège. Il s’agit de Qârûn. Son histoire se trouve à la fin de la sourate 28, du verset 76 au verset 81.
« 76. En vérité, Coré [Karoun] était du peuple de Moïse mais il était empli de violence envers eux. Nous lui avions donné de trésors dont les clefs pesaient lourd à toute une bande de gens forts. Son peuple lui dit : "Ne te réjouis point. Car Allah n'aime pas les arrogants.
77. Et recherche à travers ce qu'Allah t'a donné, la Demeure dernière. Et n'oublie pas ta part en cette vie. Et sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne recherche pas la corruption sur terre. Car Allah n'aime point les corrupteurs".
78. Il dit : "C'est par une science que je possède que ceci m'est venu". Ne savait-il pas qu'avant lui Allah avait périr des générations supérieures à lui en force et plus riches en biens? Et les criminels ne seront pas interrogés sur leurs péchés" !
79. Il sortit à son peuple dans tout son apparat. Ceux qui aimaient la vie présente dirent : "Si seulement nous avions ce qui a été donné à Coré. Il a été doté, certes, d'une immense fortune".
80. Tandis que ceux auxquels le savoir a été donné dirent : "Malheur à vous! La récompense d'Allah est meilleure pour celui qui croit et fait le bien". Mais elle ne sera reçue que par ceux qui endurent.
81. Nous fîmes donc que la terre l'engloutît, lui et sa maison. Aucun clan en dehors d'Allah ne fut là pour le secourir, et il ne pût se secourir lui-même. »
Qarûn n'a pas eu l’attitude à laquelle le Prophète nous enjoint dans cette dou’a. Il aurait dû répondre que tout venait de Dieu : son intelligence, sa richesse,… Et il aurait dû remercier Dieu de l’avoir choisi pour lui accorder ses bienfaits. Mais au lieu de cela il a renié Dieu. Le châtiment ne se fit pas attendre.
Il est marquant de noter que le verset 81 dans la langue arabe est introduit par la particule « fa ». Cette particule apporte ici la notion d’immédiateté. C’est-à-dire qu’au moment où il a eu cette réponse, le châtiment s’est abattu sur lui. Le péché était si important qu’il a provoqué un châtiment immédiat et terrible.
L'humilité dans la proximité
Ainsi, nous retenons de cette invocation du Prophète cette humilité que nous devons constamment avoir dans notre for intérieurs vis-à-vis de tout ce que nous sommes ou possédons et de reconnaître l’intervention constante de Dieu dans toute notre vie.
Et implorons Dieu, le Vivant, le Bienveillant de nous soutenir à chaque instant de notre vie pour que jamais, même le temps d’un clignement de paupières, nous nous retrouvions seuls, sans Son aide, et que jamais nous ne pensions que ce que nous sommes ou possédons viendrait de nous, sans Son intervention.